Passer au contenu principal

Paramètres des cookies

Nous utilisons des cookies pour assurer les fonctionnalités de base du site Web et pour améliorer votre expérience en ligne. Vous pouvez configurer et accepter l'utilisation des cookies et modifier vos options de consentement à tout moment.

Essentiels

Préférences

Analyses et statistiques

Marketing

Un pas de plus pour le droit à l’alimentation : Genève étend les repas scolaires aux cycles d’orientation

Avatar: Article officiel Article officiel

Genève vient de franchir une nouvelle étape concrète vers la réalisation du droit à l’alimentation pour tous les enfants. En mai 2025, le Grand Conseil a adopté une modification de la loi sur l’accueil à journée continue (LAJC), inscrivant enfin le droit à un repas équilibré et à prix réduit pour les élèves du secondaire I – c’est-à-dire les élèves des cycles d’orientation (CO). Une avancée modeste mais décisive, qui s’inscrit dans la longue lutte pour garantir l’accès à une alimentation saine au sein même de l’institution scolaire.

Jusqu’à présent, les élèves du CO évoluaient dans une sorte de no man’s land alimentaire : ni cantine organisée, ni véritable espace dédié, parfois seulement quelques micro-ondes posés dans un coin, ou des sandwichs achetés à la hâte dans les commerces alentour. Contrairement aux écoles primaires, qui disposent d’un encadrement parascolaire clair et souvent d’un service de repas à midi, ou aux écoles du secondaire II, qui ont pour la plupart des cafétérias structurées, le CO restait une zone grise — où l’élève devait se débrouiller seul.

Le projet de loi, porté notamment par le député Romain de Sainte Marie, vient combler ce vide. Il introduit dans la loi l’obligation pour tous les établissements du CO d’offrir un repas équilibré à midi, à prix réduit, dans un cadre surveillé. Le texte prévoit un délai de dix ans pour sa mise en œuvre complète, laissant à l’administration le temps de cartographier les besoins, rénover ou aménager des espaces, et trouver des modalités adaptées à chaque situation.

Les débats en commission ont été riches, parfois tendus. Le Département de l’instruction publique (DIP) a exprimé des réserves : manque de place dans certains établissements, fréquentation historiquement faible des cafétérias existantes, coût de fonctionnement élevé, ou encore réticence des adolescents à rester à l’école pendant la pause de midi. Ces obstacles sont réels, mais ils ne doivent pas devenir des excuses. Comme l’a justement rappelé la magistrate Anne Hiltpold, si ce projet de loi est adopté, cela implique une responsabilité accrue de l’État — et la nécessité de débloquer les moyens nécessaires.

Au cœur des échanges, un contre-exemple est venu bousculer les idées reçues : celui du CO Bois-Caran, où une initiative conjointe des parents, des élèves et de la direction a permis de transformer une cafétéria désertée en un espace convivial et attractif. Rebaptisée le “Caran Bar”, décorée façon diner américain, pensée et votée par les élèves eux-mêmes, la cantine a vu sa fréquentation grimper en flèche. Les repas sont commandés via une application créée par des élèves, “Facile Ticket”, qui a depuis essaimé dans d’autres établissements. Ce projet n’a pas seulement prouvé qu’une autre restauration scolaire est possible ; il a surtout montré qu’impliquer les jeunes est la clé du succès.

Il ne s’agit pas ici de reproduire mécaniquement le modèle Bois-Caran partout. Chaque CO a ses contraintes, son public, sa géographie. Mais ce que cette loi rend possible, c’est un changement de paradigme : faire de l’alimentation un droit institutionnalisé, et non une faveur ponctuelle ou une solution bricolée par la bonne volonté de quelques bénévoles. Elle crée un cadre légal qui, pour la première fois, contraint l’État à organiser, dans chaque établissement, une véritable offre de restauration scolaire.

Le défi est de taille. Mais il serait absurde d’attendre que tous les élèves veuillent spontanément manger sainement à la cafétéria pour mettre en place une politique publique. La fréquentation viendra avec le temps, avec la qualité des repas, l’esthétique des lieux, les animations proposées. Ce ne sont pas des cantines que les élèves rejettent, mais des salles tristes, des menus fades, et surtout un système qui ne les prend pas en compte.

En somme, cette loi n’impose rien aux élèves : elle garantit seulement qu’une offre existe. Et cela, c’est déjà énorme. En matière de droit à l’alimentation, chaque victoire compte. Chaque repas accessible, chaque espace réaménagé, chaque élève qui découvre le plaisir d’un plat équilibré partagé avec ses pairs est un pas en avant.

Parce que manger, à l’école comme ailleurs, ne devrait jamais être un privilège — mais un droit. Et ce droit commence, enfin, à trouver sa place dans la loi.

Commentaire

Signaler un contenu inapproprié

Ce contenu est-il inapproprié ?

Motif:

Chargement des commentaires ...

Connectez-vous ou créez un compte pour ajouter votre commentaire.

Valider

Veuillez vous connecter

Le mot de passe est trop court.

Partager